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Idée reçue n°1 : le financement participatif, c’est de la charité

Meurfi euro (Dessin : Daricy) - Flibusk

Charité bien ordonnée… vous connaissez le proverbe ! L’action caritative a porté en partie le financement participatif. Mais les comportements ont évolué vers une autre pratique du crowdfunding.

Le terme crowdfunding, s’il est traduit littéralement, signifie financement par la foule. Le financement participatif, la traduction qu’en fait le français, en donne une interprétation plus solidaire que ne l’est la réalité.

C’est une idée qui est véhiculée en France que le financement participatif est une forme de charité. On parle d’ailleurs souvent de campagnes dons contre dons . En participant à une campagne, je soutiens une cause, ou une personne que je connais, pour l’aider à accomplir la mission ou le projet qu’elle m’a présenté. Et dans une perspective courte, ça s’arrête là.

Le crowdfunding prend plusieurs formes

Les créateurs de campagnes sur les plateformes participatives n’ont pas tous cette perspective altruiste. C’est même l’inverse : la majorité des collectes sont des projets personnels. Un nouvel album à enregistrer, un concept bar à financer, une nouvelle ligne de vêtements à tester : la réalité du crowdfunding est protéiforme.

Le financement participatif propose avant tout un autre mode de consommation. Plutôt que d’attendre la sortie en magasin de tel ou tel produit, vous pouvez découvrir sur les plateformes participatives sa genèse, une description plus détaillée, et participer à sa création en le finançant.

Dans ce cadre, votre contribution s’apparentera plus à de la prévente que de la charité. Vous achetez le produit dont on vous a présenté le développement, qui par la suite soit ne sera pas présenté dans le commerce, soit la version que vous aurez achetée sur la plateforme participative sera différente de celle du commerce, avec par exemple une dédicace ou des goodies en plus. Vous n’êtes pas seulement  solidaire d’un projet, vous devenez un des acteurs de sa création.

S’adapter aux pratiques des internautes

Bien entendu, sur les plateformes de financement participatif les collectes solidaires sont présentes et nombreuses,  mais elles ne représentent qu’une portion d’un secteur qui se développe. Souvent même, elles doivent s’adapter aux modes de consommation en proposant des contreparties, qui, si elles restent symboliques, ont une réalité matérielle : cartes postales, posters, et surtout les fameux tote bags s’accumulent dans vos placards, pour peu que vous soyez comme moi un crowdfunding addict !

Sauf à être appuyées par une ONG de premier plan, où être portées par une équipe ultra dynamique et inventive, les campagnes à vocation solidaire plafonnent  et n’atteignent leur objectif qu’avec difficulté, quand les campagnes orientées produit peuvent atteindre des sommes colossales.

Pour des campagnes comme celle de Stupeflip, de Zombicide, certaines personnes ont pu parler d’indécence, en voyant les montants collectés. Ceci du fait de cette interprétation erronée du financement participatif, inhérente à cette dénomination qui ne représente pas la diversité du secteur.

Le message du merci (Dessin : Camy Cat) - Flibusk
Permettre à des auteurs comme Camy de se faire connaitre, c’est aussi ça la mission du crowdfunding.

Le financement participatif offre avant tout un lien direct entre les créateurs et les « consom’acteurs » qui achètent directement leurs créations en prévente, sans autre intermédiaire que la plateforme participative. En ce sens il n’y a pas d’indécence. Il s’agit simplement d’une rencontre directe entre l’offre et la demande, non biaisée par des intermédiaires, qui offre au créateur la juste rémunération de son travail. Les succès de crowdfunding ne sont alors pas des succès d’édition, mais des succès d’auteurs.

Les deux aspects cohabitent, prévente et comportement solidaire, avec une plus grande part du premier aspect dans les projets présentés. Un aspect qui, on l’a vu, force les projets de natures solidaire à s’adapter, et à proposer des contreparties pour viser un plus large public.

On ne peut donc pas parler du financement participatif comme d’une action caritative. Cet aspect côtoie et se fait largement supplanter sur les plateformes par l’aspect marchand. Un aspect qui permet à des auteurs comme les nôtres, de voir leurs créations se réaliser, et de rencontrer leur public.